Today we return to the rare and rarefied world of Presidential poetry, with a piece by Leopold Senghor. Senghor was President of Senegal in the 1960s and 1970s and also a very accomplished poet. He was one of the very few of the first generation of post-colonial African leaders to give up office voluntarily, and I like to think that was very consistent with him being a first-rate poet. This poem is about New York, from the perspective of a first time visitor from a completely different place and captures the impressions and feelings which inevitably come forth, inspired by that great city
New York
Leopold Sedar Senghor
New York ! D’abord j’ai été confondu par ta beauté, ces grandes filles d’or aux jambes longues.
Si timide d’abord devant tes yeux de métal bleu, ton sourire de givre
Si timide. Et l’angoisse au fond des rues à gratte-ciel
Levant des yeux de chouette parmi l’éclipse du soleil.
Sulfureuse ta lumière et les fûts livides, dont les têtes foudroient le ciel
Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d’acier et leur peau patinée de pierres.
Mais quinze jours sur les trottoirs chauves de Manhattan
– C’est au bout de la troisième semaine que vous saisit la fièvre en un bond de jaguar
Quinze jours sans un puits ni pâturage, tous les oiseaux de l’air
Tombant soudain et morts sous les hautes cendres des terrasses.
Pas un rire d’enfant en fleur, sa main dans ma main fraîche
Pas un sein maternel, des jambes de nylon. Des jambes et des seins sans sueur ni odeur.
Pas un mot tendre en l’absence de lèvres, rien que des coeurs artificiels payés en monnaie forte
Et pas un livre où lire la sagesse. La palette du peintre fleurit des Cristaux de corail.
Nuits d’insomnie ô nuits de Manhattan ! si agitées de feux follets, tandis que les klaxons hurlent des heures vides
Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, tels des fleuves en crue des cadavres d’enfants.
II
Voici le temps des signes et des comptes
New York ! or voici le temps de la manne et de l’hysope.
Il n’est que d’écouter les trombones de Dieu, ton coeur battre au rythme du sang ton sang.
J’ai vu dans Harlem bourdonnant de bruits de couleurs solennelles et d’odeurs flamboyantes
– C’est l’heure du thé chez le livreur-en-produits-pharmaceutiques
J’ai vu se préparer la fête de la inuit à la fuite du jour. Je proclame la Nuit plus véridique que le jour.
C’est l’heure pure où dans les rues, Dieu fait germer la vie d’avant mémoire
Tous les éléments amphibies rayonnants comme des soleils.
Harlem Harlem ! voici ce que j’ai vu Harlem Harlem !
Une brise verte de blés sourdre des pavés labourés par les Pieds nus de danseurs Dans
Croupes ondes de soie et seins de fers de lance, ballets de nénuphars et de masques fabuleux
Aux pieds des chevaux de police, les mangues de l’amour rouler des maisons basses.
Et j’ai vu le long des trottoirs, des ruisseaux de rhum blanc des ruisseaux de lait noir dans le brouillard bleu des cigares.
J’ai vu le ciel neiger au soir des fleurs de coton et des ailes de séraphins et des panaches de sorciers.
Écoute New York ! ô écoute ta voix mâle de cuivre ta voix vibrante de hautbois, l’angoisse bouchée de tes larmes tomber en gros caillots de sang
Écoute au loin battre ton coeur nocturne, rythme et sang du tam-tam, tam-tam sang et tam-tam.
III
New York ! je dis New York, laisse affluer le sang noir dans ton sang
Qu’il dérouille tes articulations d’acier, comme une huile de vie
Qu’il donne à tes ponts la courbe des croupes et la souplesse des lianes.
Voici revenir les temps très anciens, l’unité retrouvée la réconciliation du Lion du Taureau et de l’Arbre.
L’idée liée à l’acte l’oreille au coeur le signe au sens.
Voilà tes fleuves bruissants de caïmans musqués et de lamantins aux yeux de mirages. Et nul besoin d’inventer les Sirènes.
Mais il suffit d’ouvrir les yeux à l’arc-en-ciel d’Avril
Et les oreilles, surtout les oreilles à Dieu qui d’un rire de saxophone créa le ciel et la terre en six jours.
Et le septième jour, il dormit du grand sommeil nègre.
From <http://www.newyorkinfrench.net/profiles/blogs/a-new-york-par-leopold-sedar-senghor-en-francais-and-in-english#.VHnPTDHF_yQ>
The poem begins with a first stanza describing the poet’s initial awe and wonder at the New York of skyscrapers, bright lights, long-legged women bustling through the streets and then, after two weeks this turns into a sort of alienation as the poet begins to miss the sights and sounds of his African countryside. He misses the pastures, the wells, the children, the slow pace of life and Manhattan suddenly seems soulless and inhuman.
The second stanza evokes his discovery of Harlem, a district of New York where the trombones play, where the soul re-emerges with the night life, jazz and the preponderance of black people. The poet conveys his joy at finding this place which is full of love, music and solidarity, and which reminds him of the beat of the African tam-tam drum. Alienation has now given way to a sense of belonging.
The third stanza is a cry of joy and hope that the influence of blacks can conquer all of New York and infuse it with vibrancy, music and the African soul. People just have to open their eyes to the rainbow of colour and their ears to the music of saxophones giving access to the divine, and New York will be reborn as a heaven on earth.
The poet thus celebrates the possibility of the triumph of the African spirit in the most iconic city in the USA, and, as such, it is a poem of hope and reconciliation. And joy. All qualities which are admirable in a political leader; the world would be a better place of there were more like Senghor.
The Poetry Dude